Offshoring: Le Maroc dévoile ses batteries

Casashore: Premier site pilote
100.000 emplois qualifiés visés pour tous les sites

Le voile est officiellement levé sur l’offre offshoring Maroc, pilier du programme Emergence. C’est dans le tout nouveau complexe de l’OFPPT pour la formation aux métiers de l’offshoring et des technologies de l’information à Casablanca, que Driss Jettou a présidé, le 18 juillet, la cérémonie de présentation de cette offre. Salaheddine Mezouar, Toufiq Hejira, Adil Douiri, Fathallah Oualalou, Rachid Talbi Alami, Mustapha Mansouri, le Wali du Grand Casablanca, le gotha des opérateurs économiques du pays, tout le monde était mobilisé pour l’occasion. L’opportunité est en effet très importante pour le Maroc. « Avec l’offshoring, et au-delà des centres d’appels qui connaissent un développement important, le Maroc se donne pour ambition d’asseoir un leadership sur le nearshoring francophone et hispanophone à haute valeur ajoutée», dira le Premier ministre. Un marché qui serait favorable au Maroc pour des raisons de proximité géographique, linguistique et culturelle mais aussi grâce à son pool de ressources humaines (bac+2/bac+4) «qualifiées et disponibles». Le gouvernement veut clairement se positionner en tant que leader de l’offshoring dans la région euroméditerranéenne. Sur les 145 filières «offshorables» analysées, le Maroc en cible particulièrement 12 sur des métiers comme le développement informatique, les ressources humaines, les centres de relations clientèle, le management des connaissances, les services financiers, l’éducation à distance, le design et ingénierie et l’administration. Une offre que le Maroc veut «agressive et compétitive», «un vrai projet de combat», dira Salaheddine Mezouar, ministre dee l’Industrie, du Commerce et de la mise à niveau de l’économie. L’offshoring est un marché international hautement concurrentiel. Casablanca a été néanmoins classée au «top five» des favoris sur 37 sites analysés (cf.www.leconomiste.com) avec un score quasiment équivalent à celui des destinations indiennes établies dans le paysage offshoring mondial, tel que Hyderabad, Mumbai et New Delhi. A noter que les activités d’offshoring constituent 30% de la balance commerciale indienne. Comme nous l’annoncions dans nos précédentes éditions, c’est le projet Casashore, se positionnant sur le near shore, qui est présenté comme projet pilote, précédant les sites de Rabat Technopolis, Tangershore et Marrakechshore (cf.www.leconomiste.com). Le Nearshore Park s’étalera sur 53 ha entre l’aéroport Mohammed V et le centre de la ville. Il offrira des espaces bureaux qui s’étendront sur 250.000 m2. Un investissement qui dépasse les 200 millions de dollars (1,8 milliard de DH) et qui devrait à terme employer quelque 30.000 personnes. Sa contribution au PIB et à la balance commerciale, à l’horizon 2015 est estimée à 500 millions de dollars (4,5 milliards de DH). Casashore sera opérationnel en 2007. Pour l’ensemble des sites le Maroc table sur un potentiel de développement de l’économie avec près de 100.000 emplois et plus de 15 milliards de DH de contribution au PIB. Le package concocté par le gouvernement inclut l’ensemble des facteurs de la compétitivité et a mobilisé pendant 12 mois plusieurs ministères. Résultat : des incitations et une fiscalité allégée avec un taux unique de 20% pour l’IR (l’impôt sur les revenus) et un régime particulier pour les expatriés. Les investisseurs auront droit aussi à une défiscalisation complète du premier emploi pour les salaires mensuels inférieurs à 550 euros par mois (l’équivalent de 6.050 DH). Rabat s’engage par ailleurs à octroyer des aides financières à l’installation, à exonérer les entreprises de l’IS et à appliquer des droits de douane inférieurs à 2,5%. Cerise sur le gâteau, «une prime aux pionniers» sera versée aux premières entreprises installées. Le gouvernement promet des infrastructures de qualité, calées sur les «meilleurs standards internationaux» et à des prix très compétitifs. Une approche «ready for output» avec une offre de bureaux aménagés et 10 à 12 services de «support business» sur site, fournis par des partenaires internationaux. Le prix d’accès aux locaux est de 7 euros le mètre carré par mois (l’équivalent de 80 DH). L’offre marocaine fait aussi la part belle à la formation. Un plan national focalisé sur les métiers de l’offshoring est mis sur pied pour 15 filières-clés. Des perspectives de formation de 20 à 25 000 formations qualifiantes d’ici 2009 (40 à 50 000 par an) pour des profils supérieurs, bac+4 pour les managers et ingénieurs et bac + 2 techniciens pour le personnel administratif et les opérateurs. Un accord a d’ailleurs été signé en marge de la cérémonie entre l’OFPPT et le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) français portant sur la formation de formateurs, la certification et l’accompagnement. L’Etat s’engage aussi à fournir une aide à la formation post-embauche (pour les salariés marocains) avec une prise en charge pouvant atteindre 50.000 DH par employé à hauteur de 100% la première année et de 75% pour les deux autres années. L’opération de séduction du Maroc semble d’ores et déjà donner ces fruits. De grosses pointures ont confirmé leur installation (cf.www.leconomiste.com). Les institutions financières françaises BNP Paribas, Axa et le holding indien Tata sont déjà sur la liste. Elles ont été suivies de Cap Gemini, GFI Informatique et Renault qui sont en cours de négociation.